Que l’on vienne par la terre ou par la mer, son clocher surplombe la ville, représentant la vie.
En tant qu’amer, il oriente les navigateurs ; en point de repère urbain, il aide les touristes à se localiser dans la ville ; en phare spirituel, il s’élève vers les cieux, semblant guider les prières des croyants dans leur ascension.
L’église Saint-Joseph, bijou architectural emblématique de la renaissance du centre-ville du Havre par Auguste Perret, est le dernier monument que le voyageur emporte en souvenir en s’écartant du rivage, et c’est aussi la première silhouette familière et rassurante qu’il aperçoit à son retour.
Présentation de l’ eglise Saint Joseph du Havre
Érigé en hommage aux victimes des bombardements du Havre survenus en septembre 1944, l’église Saint-Joseph se distingue comme un phare spirituel visible depuis l’océan.
Son intérieur surprend par sa structure de béton brut majestueuse et le creux de sa tour octogonale qui s’élève à 107 mètres, supportée par quatre piliers qui constituent la base carrée du bâtiment.
Les effets de lumière visibles l’intérieur sont obtenus par les verres teintés conçus par Marguerite Huré, maître-verrier française considérée comme pionnière de l’art abstrait dans le domaine du vitrail religieux.
Cet ouvrage, conçu par Auguste Perret et inspiré d’un concept initial non réalisé en 1926 pour la basilique Sainte-Jeanne d’Arc à Paris, fut terminé en 1957 par Raymond Audigier, George Brochard et Jacques Poirrier, collaborateurs de l’atelier Perret. Guy Verdoïa interviendra par la suite pour réaliser les aménagements de l’autel principal, en vue de sa consécration en 1964.
Eglise Saint Joseph, Le Havre.
Histoire
L’église actuelle est le quatrième lieu de culte à être nommé ainsi, en référence à Saint Joseph, personnage de la tradition chrétienne (Saint Joseph travailleur, patron des charpentiers).
En effet, c’est en 1871 que l’ouverture de la chapelle Saint-Joseph est répertoriée, grâce à l’initiative de l’abbé Léon Roger (qui est décédé en 1914). Puis la paroisse est créée quatre ans après. La seconde église, dont la construction ne fut jamais achevée, a été mise en service en 1877 et a été officiellement consacrée en 1882.
En septembre 1944, le Havre a été massivement bombardé par les avions alliés anglais, faisant table rase du centre-ville. De l’ ancienne église (eglise St Joseph), il ne restait alors que des ruines.
Progressivement, la ville s’est reconstruite après cette tragédie et, dans le camp François 1er, une citée provisoire faite de baraquements, l’abbé Charles Pinel a établi un modeste lieu de culte dans un vieux hangar fait de tôles ondulées : il s’agissait du troisième édifice à être appelé « Saint-Joseph ».
La reconstruction de la ville est confiée à l’architecte Auguste Perret, un fervent défenseur et adepte du béton armé, un matériau qu’il parvint à anoblir. Il dessine les plans de la nouvelle église, conçue non seulement comme lieu de culte mais aussi comme mémoire des victimes de la guerre. Son style s’inspire d’un précédent projet de 1926, celui de l’église votive Sainte-Jeanne d‘Arc, qui était initialement prévue pour être érigée à Paris.
L’abbé Marcel Marie, curé de la paroisse, s’engage avec détermination dans ce projet. Avec sa persévérance et son habileté, il parvient à persuader à la fois le clergé et le Ministère de la Reconstruction de la pertinence du projet.
Perret, avec ses collaborateurs Raymond Audigier, Georges Brochard et Jacques Poirrier, réussit à concevoir un bâtiment qui allie robustesse, prestance et raffinement.
Construction de l’ eglise Saint Joseph Havre (Le Havre Saint Joseph).
Description
L’ église St Joseph possède une base carrée mesurant 40,6 mètres de côté, configurée en croix grecque, comportant quatre ensembles de quatre piliers soutenant le clocher, une tour-lanterne octogonale qui s’élève à 107 mètres de hauteur. Elle est dotée de deux extensions moins larges, situées respectivement à l’est et sur la façade située à l’ouest. La partie basse de la construction est renforcée par un ensemble de 18 colonnes à cannelures.
Ainsi comme le souligne Auguste Perret « tout se voit, tout même doit être vu, rien n’est à cacher dans cette organisation : les poteaux, les colonnes, les dalles, sont au bâtiment ce que le squelette est à l’animal, et si la structure en béton armé n’est pas digne d’être apparente, l’architecte a mal rempli sa mission ».
Perret délaisse les ornements artistiques au bénéfice de la simplicité et la beauté des matériaux bruts. En harmonie avec les convictions de l’abbé Marie, aucune peinture n’est utilisée dans le bâtiment, conformément aux nouveaux principes de l’art religieux. Juste deux sculptures sobres, représentant la Vierge Marie et Saint Joseph, se tiennent l’une vis-à-vis de l’autre, situées au sud et au nord respectivement.
La complicité entre Auguste Perret et Marguerite Huré
Profondément attaché à l’harmonie entre les arts et les matériaux, Perret sollicite l’expertise du Maître-verrier Marguerite Huré, une connaissance que lui a présentée le peintre nabis Maurice Denis.
Leur première coopération remonte à 1922, lorsqu’ils ont travaillé ensemble pour l’église Notre-Dame de la Consolation au Raincy.
Perret avait pour credo que « l’architecture est l’art d’organiser l’espace ». Huré possède une compréhension approfondie et une habileté remarquable dans l’emploi des couleurs, qu’elles inspirent le calme, la joie ou la mélancolie, ainsi que dans la manière dont la lumière interagit avec les vitraux. Pour son travail, l’artiste choisit d’utiliser du verre antique, soufflé à la bouche à Saint-Just-sur-Loire, qui se caractérise par son épaisseur inégale et ses nuances variées.
La structure présente un style géométrique basé sur sept couleurs fondamentales (orange, jaune, vert, violet, rouge, verdâtre, blanc), qui se déclinent en environ cinquante tonalités différentes. Ces couleurs sont agencées en gradation, allant des plus sombres à la base du clocher vers des teintes de plus en plus claires culminant avec le blanc au sommet de l’ immense clocher, magnifiant ainsi la verticalité de l’édifice comme le désirait Auguste Perret.
Marguerite Huré maîtrise l’effet du soleil en mouvement. Les jeux de lumière animent le béton, le rendent vivant, résonnant et presque musical.
Symbole des formes des vitraux (Le Havre église St Joseph – St Josephs church).
La couleur dominante change en fonction de l’orientation :
- À l’est : les teintes de lilas rosés se mêlent aux ors et aux verts, représentant la naissance du Christ.
- Au sud : l’or et l’orange magnifient la puissance de l’Esprit, la splendeur et la grandeur divine.
- À l’ouest : le rose prévaut, vibrant et plein de générosité, rehaussé de rouge, couleur de dynamisme et de force.
- Au nord : le bleu domine, éthéré et profond, évoquant le ciel, c’est la couleur associée à la Vierge Marie.
L’expertise et la renommée d’Auguste Perret et de Marguerite Huré, ainsi que la synergie entre eux, leur ont conféré la capacité d’imposer des choix, une vision et une innovation qui rendent cette église, classée monument historique en moins de dix ans après son édification – un événement rarissime – une des réalisations majeures de l’architecture du vingtième siècle.
Intérieur de l’ eglise St Joseph Le Havre (Saint Joseph church).
Chiffres à retenir
- Pour édifier la structure de saint joseph (eglise), 700 tonnes d’acier et 50 000 tonnes de béton ont été nécessaires.
- La base principale, s’étendant sur 2 000 mètres carrés, est soutenue par 71 pieux de fondation de type « Franki » de 15 mètres de profondeur.
- Les 16 colonnes sont chacune ancrées sur des puits tubés en béton armé de 1,45 mètre de diamètre et plongeant à 15 mètres de profondeur.
- Les vitraux sont composés de 12 768 pièces de verre coloré, couvrant une aire totale de 378 mètres carrés.
- La hauteur extérieure atteint 107 mètres.
- La hauteur intérieure de l eglise saint joseph au Havre du clocher jusqu’au plafond est de 84 mètres.
Dates clés
- Le 21 octobre 1951, la pose de la première pierre a eu lieu en présence de Monseigneur Joseph-Marie Martin, l’archevêque de Rouen.
- En octobre 1957, les travaux de gros œuvre sont achevés.
- Le 22 mars 1959, l’édifice est remis au culte.
- Entre 1959 et 1961, les travaux de finition de l’intérieur sont réalisés.
- En 1964, le Maître-Autel et les installations complémentaires telles que le baldaquin et les stalles, conçus par l’architecte Guy Verdoïa, sont consacrés.
- Le 11 octobre 1965, le monument est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH).
- En 1997, la municipalité du Havre met en place un éclairage de l’édifice.
- De 2003 à 2005, des travaux de restauration sont effectués.
- L’année 2009 marque le 50e anniversaire de l’édifice ( le havre eglise saint joseph ).
Voilà, vous savez désormais tout sur l’ eglise St Joseph du Havre. Maintenant il ne reste plus qu’à venir la visiter !